Le Japon, avec ses cerisiers en fleurs, ses temples anciens et ses villes futuristes, continue de fasciner les voyageurs et les candidats à l’expatriation. Mais à quoi ressemble réellement la vie sur place ?
Dans le dernier épisode de notre podcast, nous avons échangé avec Stella, professeure de japonais, créatrice de contenu et expatriée dans la région d’Osaka depuis plus de deux ans. Voici quelques moments clés de notre discussion, et des conseils pour celles et ceux qui rêvent, eux aussi, de s’installer au Japon.
Du rêve d’adolescente à la vie au Kansai
Comme beaucoup, c’est la culture populaire japonaise qui a donné à Stella l’envie de découvrir ce pays :
« J’étais fan de manga et d’anime comme beaucoup de monde quand j’avais 11 ou 12 ans. Puis, à 14 ans, j’ai eu la chance d’intégrer un lycée avec un programme d’échange avec le Japon. Ça a changé ma vie. »
Cette première expérience a été décisive : elle a poursuivi ses études en japonais, puis en France et au Japon, avant de s’installer définitivement.
Aujourd’hui, elle vit dans la banlieue d’Osaka, une ville qu’elle apprécie pour son atmosphère chaleureuse et un peu « marseillaise » :
« Osaka, c’est un peu Marseille. Les gens sont plus directs, plus avenants. Et même le dialecte local est souvent traduit en marseillais dans les mangas ! »
Osaka, deuxième plus grande ville du Japon après Tokyo, est le cœur économique de la région du Kansai, qui regroupe également les villes historiques de Kyoto, Nara et Kobe. Connue pour sa gastronomie populaire — on la surnomme la cuisine du Japon grâce à ses spécialités comme les okonomiyaki (crêpes salées garnies) et les takoyaki (boulettes de poulpe) — la ville séduit aussi par son côté plus décontracté que Tokyo.
Les habitants d’Osaka parlent le Kansai-ben, un dialecte régional à l’accent chantant, parfois déroutant pour les Japonais d’autres régions, mais perçu comme chaleureux et familier. Ce dialecte est d’ailleurs souvent associé en France à un accent méridional lorsqu’il est traduit dans les mangas ou les films.
Enfin, la situation géographique d’Osaka est idéale pour explorer le Japon traditionnel : en moins d’une heure de train, on peut rejoindre Kyoto et ses temples millénaires, ou Nara et ses fameux daims en liberté. En bord de mer, Osaka offre aussi un accès facile aux îles de la mer intérieure et aux plages de Wakayama.
Avantages et défis du quotidien
Vivre au Japon offre de nombreux atouts pratiques. Les infrastructures, comme les transports en commun, sont réputées pour leur ponctualité et leur fiabilité. Les fameuses combinis — supérettes ouvertes 24h/24 — permettent de trouver facilement repas, services et produits du quotidien à toute heure. Le service client est également d’une grande politesse et efficacité.
« Les Japonais ne sont pas flexibles. Dans les démarches administratives, par exemple, parfois mon nom ne rentre pas dans les cases et on ne cherche pas de solution. »
Mais la vie sur place présente aussi des défis culturels. L’administration japonaise est très rigide, avec des procédures strictes et peu de marge de manœuvre en cas de situation atypique.
« Parfois, mon nom ne rentre pas dans les cases et on ne cherche pas de solution », illustre-t-elle.
La recherche de logement complique aussi l’installation. Certaines agences et propriétaires refusent encore des locataires étrangers, malgré des évolutions positives ces dernières années. Nous recommandons donc de passer par des intermédiaires spécialisés ou de s’appuyer sur des contacts locaux.
Le coût de la vie varie selon les villes. Si les loyers restent plus abordables qu’à Tokyo, certains produits alimentaires surprennent, notamment les fruits et légumes, vendus presque exclusivement dans des versions parfaites, ce qui en fait des produits chers.
Se soigner au Japon : ce qu’il faut savoir
Côté santé, le système japonais est performant, rapide et accessible. Dans la plupart des villes, il est possible de prendre rendez-vous en ligne, parfois même la veille pour le lendemain, y compris chez des spécialistes comme les dermatologues. Les professionnels de santé délivrent les soins avec précision et rigueur. À la pharmacie, ils remettent exactement le nombre de comprimés nécessaires, soigneusement emballés et accompagnés d’une feuille explicative claire avec photos et instructions. Comme le note Stella :
« On vous donne exactement le nombre de comprimés dont vous avez besoin, avec une feuille explicative très détaillée. »
Les tarifs restent raisonnables grâce au système d’assurance santé obligatoire (kokumin kenko hoken), que tout résident étranger est tenu de souscrire dès son arrivée. Cette couverture rembourse en général 70 % des frais médicaux, le reste étant à votre charge.
En revanche, il faut savoir que les consultations sont généralement brèves, très techniques et vont droit au but. Les médecins ne prennent pas toujours le temps d’expliquer les diagnostics en détail, ce qui peut surprendre les Français habitués à un échange plus approfondi avec leur praticien.
Pour éviter les malentendus et bien se faire comprendre, apprenez un minimum de vocabulaire médical japonais et préparez vos symptômes à l’avance. Dans les grandes villes comme Tokyo ou Osaka, il est possible de trouver des praticiens anglophones, voire francophones dans de rares cas, mais cela reste l’exception. L’ambassade de France au Japon met à disposition une liste de médecins parlant français, utile en cas d’urgence.
Enfin, pour les expatriés, une bonne complémentaire santé internationale peut être un atout pour couvrir le reste à charge, mais aussi pour bénéficier de services comme la téléconsultation en français et des deuxièmes avis médicaux, toujours précieux lorsqu’on vit loin de son pays d’origine.
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Un monde professionnel japonais rigide et hiérarchisé
Le monde professionnel japonais reste marqué par une forte hiérarchie, des règles implicites et des horaires très étendus. Dans de nombreuses entreprises traditionnelles, il est mal vu de partir avant son supérieur, même si la journée de travail est officiellement terminée. C’est ce qu’a observé Stella à travers l’expérience de son mari :
« Quand mon mari, qui travaille dans une entreprise japonaise, est rentré à 23 h parce qu’il fallait rester tant que le patron était là, j’ai su que ce n’était pas pour moi. »
Elle a donc choisi la voie du freelance, plus flexible mais aussi plus incertaine, une option qui peut convenir à ceux qui préfèrent garder leur indépendance. Pour les candidats à un emploi salarié, il est fortement conseillé de bien se renseigner sur la réputation de l’entreprise. On parle même de black kigyō, ces « entreprises noires » connues pour des abus, comme des heures supplémentaires excessives et non rémunérées. Certaines plateformes en ligne et forums permettent de lire des avis d’employés ou d’anciens employés, ce qui peut aider à faire un choix éclairé.
Les défis culturels au travail et dans la vie quotidienne
Le marché du travail japonais offre aussi des opportunités dans des secteurs où la demande de main-d’œuvre étrangère est forte, comme l’enseignement des langues, la technologie ou la restauration. Pour augmenter ses chances, il est essentiel de maîtriser un minimum de japonais (au moins niveau JLPT N2) et de comprendre les codes culturels — par exemple, la ponctualité et la discrétion sont très valorisées.
Au-delà du travail, les différences culturelles imprègnent la vie quotidienne et la vie de couple. Même dans l’intimité, les Japonais ont des habitudes différentes :
« Les Japonais n’ont pas vraiment de surnoms affectueux comme “mon cœur” ou “ma chérie”. Ça n’existe pas dans la langue. »
Le mot le plus fort pour dire « je t’aime » est d’ailleurs si solennel qu’il est rarement utilisé en dehors du mariage ou de situations exceptionnelles. Une différence culturelle à laquelle il faut s’habituer, mais qui fait aussi partie du charme de la découverte.
La culture du consensus et de l’harmonie sociale prévaut partout. Exprimer trop directement ses désaccords ou critiquer ouvertement un collègue risque de mal passer. L’intégration passe donc aussi par une bonne dose d’observation et d’adaptation.
Bien se préparer à l’expatriation
S’expatrier au Japon demande une préparation sérieuse, bien en amont du départ. La maîtrise de la langue est sans doute l’aspect le plus important pour réussir son intégration, comme le souligne Stella :
« Le plus important, c’est la langue. On se coupe de beaucoup de choses si on ne parle pas japonais. On ne peut pas vraiment découvrir le pays à travers ses habitants. »
Même si l’anglais peut dépanner dans certaines situations touristiques, la majorité des démarches administratives, la recherche d’emploi, ou tout simplement la vie quotidienne (médecin, logement, courses) nécessitent de lire et comprendre le japonais. Le niveau conseillé pour être autonome est au moins le JLPT N3/N2. Se former en amont permet aussi de gagner en confiance et d’éviter un choc culturel trop brutal.
Il est crucial de bien se renseigner sur les différents types de visas disponibles, outre la langue. Les candidats doivent connaître le visa travail, le visa étudiant, le visa vacances-travail (PVT) pour les jeunes de moins de 30 ans, ainsi que le visa pour conjoint en cas de mariage avec un Japonais. Chacun a ses contraintes, ses conditions et sa durée de validité. Ne pas négliger non plus les assurances santé : bien que le Japon ait un excellent système de soins, il fonctionne sur un régime d’assurance obligatoire à souscrire à l’arrivée, mais qui ne couvre pas toujours toutes les dépenses.
Enfin, se préparer mentalement à la différence culturelle est indispensable. La société japonaise valorise la discrétion, le respect des règles et la politesse formelle. Ces exigences éprouvent au début les Occidentaux, plus habitués à la spontanéité. Il faut accepter de s’adapter, d’observer et d’apprendre.
Malgré ces défis, Stella encourage vivement à franchir le pas :
« Il faut oser. Même si ça fait peur, c’est une expérience qui change la vie. » S’expatrier, au Japon ou ailleurs, est une formidable occasion d’élargir ses horizons, de se dépasser et de découvrir d’autres manières de vivre. Comme elle le résume, « si j’ai réussi à faire ça, je peux presque tout faire ».